En ce temps d’an neuf — onze pas vers trois mille —
Je me plie sous vos cils, et vous tends — un œuf !
Une ovale ovation du corps féminant,
Une langue dansant la palpitation —
— D’un âtre attisé par le feu de vos yeux.
Ô mon âme est un creux où se niche l’épée —
— Pétaradante — des gueulements d’hommes !
Un doux glaive en somme, qui me tue et m’arpente,
Avant que de m’imprégner d’un autre amour…
Notre âme à Jour donne lieu à l’être aimé!
Si au son de mes z’onzains vous succombâtes,
Au sein de Paris onze, j’ai mis la pâte —
— D’un proliférant mets à entre-écou-voir,
Venez vous-y croupoir, pour oïr Bethsabée !
(C’est-à-dire me-moi qui vous souhaite d’être
Et de connaître le Nom qui vous échoit….
En ce temps d’ores et déjà, et ce temps hors de ce là.
(
Quatorzain! ça ne va pas, pour deux mille onze, Holà!)
Votre dévolue dévoûtée—
Dans la salle intimiste du Yono, et accompagnée par la bande son de Régis Renouard Larivière, Audrey Barrin est une femme rouge. Rouge de chair, de désir et de quête. Rouge de mots qu’elle éviscère, Lautréamont en jupe du XXI e siècle, pour les faire grouiller de pulsions : elle parvient à briser les clichés du désir à la pierre chauffée du langage organique et revigore ainsi leur poésie. Rouge aussi de sa formidable souplesse, quand son débit continue à jaillir en fontaine de cadence,